Entretien avec le professeur Roberto de Mattei autour de son livre : Apologie de la Tradition aux éditions de Chiré.
Peut-on discuter le concile Vatican II de manière historique, en mettant en lumière ses ombres éventuelles, ses limites et ses conséquences négatives ? Et, plus généralement, l’historien est-il légitime quand il met en évidence ou, éventuellement, critique des personnes et des événements d’Église ? La réponse à de telles questions peut être apportée à deux niveaux : au niveau historique et au niveau théologique.
L’essentiel est de ne pas confondre ces deux domaines, qui ne sont ni séparés ni inconciliables, mais demeurent assurément distincts. L’histoire, toutefois, n’est pas une simple exposition de faits mais une authentique connaissance vouée à restituer de manière ordonnée le fil des événements, à travers des jugements de valeur, après avoir éprouvé la validité des divers documents et témoignages recueillis. Dans le cas de l’histoire de l’Église, observe monseigneur Hubert Jedin, notre discipline reçoit son objet d’étude de la théologie. L’historien de l’Église se distingue du théologien, non parce qu’il peut faire abstraction de la théologie, mais parce qu’il ne développe pas directement ses thèses dans le domaine de la théologie.
Une connaissance théologique est toutefois nécessaire à l’historien pour comprendre tous ces événements humains qui ont à leur centre l’Église, de la même façon qu’une connaissance historique ne peut manquer au théologien s’il ne veut pas faire de sa doctrine une spéculation abstraite, privée de tout rapport avec le réel. Les méthodes d’analyse diffèrent cependant. La foi doit toujours illuminer les pas de l’historien catholique, surtout quand l’objet de son étude est l’Église, mais la méthode qu’il suit et les problématiques qu’il propose ne sont ni celles du théologien, ni celles du pasteur.
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